Castillo-Corrales: 80 rue Julien Lacroix, 75020 Paris
Castillo-Corrales: 80 rue Julien Lacroix, 75020 Paris
Bruno Hauptmann last meal, images via flm, merci!
Aileen Wuornos last meal
Martha Beck last meal
Timothy Mcveigh last meal
Les anecdotes qui dessinent la triste histoire des exécutions aux États-Unis semblent fasciner à plus d'un titre les passionnés de reconstitutions morbides. Il faut repenser à ce très beau film, période américaine, de Fritz Lang: Secret Beyond the Door (Le Secret derrière la porte, 1948) qui raconte l'histoire de Celia Barett, héritière tombant sous le charme de l'étrange Mark Lamphere. Ce collectionneur de «chambres» - dont la spécificité non moins étrange est d'être le lieu de crimes - raconte aux visiteurs attirés par ces curieuses Frevelkammern, comment celles-ci sont de véritables reconstitutions.
Reproduire le dernier repas d'un condamné revient à composer une nature morte des plus curieuses. Il faut imaginer alors et ensuite donner forme à ces menus qui, dans certains États comme la Floride ou le Tennessee, ne devaient pas dépasser une cinquantaine de dollars. Leur simplicité tranche parfois avec l'histoire du condamné ou plutôt de ses crimes. Elle dit surtout la tradition rigide qui précède l'autre rituel, électrique ou non, du dernier instant.
C'est pourtant à une autre histoire du goût que renvoient les «tableaux» de l'inconnu du site famouslastmeals. Celle de repas ordinaires, riches en lipides et glucides, ou spartiate, comme le café noir d'Aileen Wuornos. D'ailleurs il n'est certainement pas question de goût a proprement parlé, les journalistes et le cinéma entretenant la tragédie du dernier repas comme celle de l'ultime confession d'une réalité basique: je mange donc je suis, et celui ou celle qui va mourir n'est pas si différent de nous.
Les images de Famous Last Meals, renvoient à ces indices-là. Mais montrent aussi le goût de leur auteur pour la reconstitution de l'avant. Avant que le repas ne soit consommé. Avant les restes qui pourraient dire, aussi bien que la photographie de Payne cité par Barthes, oui, ça a été, il était vivant mais déjà mort...
Ryan McGinley, Entrance Romance, 2012 (via Nowness)
Un certain éloge de la lenteur et du choc est en jeu dans la courte vidéo de Ryan McGinley, Entrance Romance. Le geste devient une forme de cadence où chaque parcelle d'émotion est visible alors qu'il s'agit principalement d'être confronté à la rencontre, soudainement douce et caressante comme un baiser, d'objets en verre projetés sur le crâne de Carolyn Murphy.
À l'inverse du proto-cinéma qui accélérerait le mouvement et jouait à sa manière du slapstick, Entrance Romance ralentit au maximum l'effet minimum et du coup annule des siècles de comédie cinématographique. Murphy n'a pas le visage impassible d'un Keaton et il n'y a guère que la vision d'un poisson rouge glissant sur sa chevelure blonde qui sauve, un peu, ce drôle de clip.
Schelten & Abbenes, Le Style, 2012
Le talentueux Yannick Bouillis, par ailleurs organisateur de la foire Off Print à Paris, annonce la sortie de sa première publication en tant qu'éditeur. Le Style est un livre des artistes-photographes Maurice Scheltens & Liesbeth Abbenes qui avaient récemment reçu le prix ICP Infinity. À voir, lire, regarder (graphisme: Thomas Buxó).
PROJET IV (27/02)
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Ci-dessous le lien pour télécharger le PDF du projet#4: Logo Lego. Le mot de passe a dû vous être donné déjà si vous étiez en cours avant les vacances.
Projet en solo, vous allez devenir des hybridateurs, des déconstructeurs, bref réaliser le rêve infernal de Villiers de l'Isle Adam.
Rendu 19-20 Mars. Bon travail!
Sujet4_media_image_2012.pdf
Forum et colloque essentiels qui auront lieu en Février à Paris du 8 au 10 Février 2012 et où devrait s'ébaucher, s'esquisser, se structurer sans doute peut-être, les prochains chemins des connaissances en écoles d'art.
ColloqueArtRecherche_Programme.pdf
ColloqueArtRecherche_Programme.pdf
Une semaine de workshops est prévue du 16 au 20 janvier avec Elsa Audoin, Julien Nédélec et Marielle Paul. Présentations des intervenants le lundi 16 janvier à 09:30 en salle de dessin/couleur (à confirmer). Retrouvons-nous à 09:00 dans les hall de l'école.
Semaine intense prévue! Soyez prêts et prêtes, ce sera bien! Merci!
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infos:
workshops_16-20janvier_2012.pdf
Thomas Mailaender est le photographe le plus beau et le plus intelligent de ce côté-ci de la galaxie. Nous avons de la chance, il a posé son musée du poulet, son archive fun et autres gigantismes à Négrepelisse pour la durée d'une exposition à La Cuisine du 14.01 au 25.02 2012. Nous avons encore de la chance, le 14 janvier 2012, une conférence sur le travail de Thomas est donnée par le plus intelligent et le plus beau des théoriciens de ce côté-là de la galaxie. Thierry Chancogne parlera donc de photographie mais pas seulement.
Comme nous avons trop de chance, un bus de 55 places nous attendra le samedi 14 janvier, devant l'Hotel des Beaux-Arts à 09:00. Vous pourrez vous inscrire la semaine prochaine, il est évident que viennent les étudiants de première année qui veulent avoir de la chance. Le bus nous ramènera à Toulouse le même jour à 18:00.
Merci!
Rendu final et critique de votre projet II, les lundi et mardi 9-10 Janvier. Pour rappel, vous devez présenter vos recherches et les articuler avec votre rendu, que celui-ci soit en volume, performé, rejoué, etc.
Pour ceux et celles qui voudraient imprimer au format petit aigle (70x94cm), vous pouvez vous rendre chez Diazo Repro, 23 Boulevard Riquet, ils proposent des tirages à peu de frais (voir adresse complète et coordonnées sur la colonne de droite de ce blog, rubrique Ressources). Merci!
Cinéma 79, nº247/248, juillet-août 1979
Nous sommes en 1979, au crépuscule des années 70, c'est l'été et la couverture de Cinéma est consacrée à John Wayne, à Cannes et à l'image de l'homme dans le cinéma de la femme. Mais aussi à un très bel article de Gérard Courant sur le documentaire de Miéville et Godard: France, Tour, Détour, Deux Enfants.
Il est amusant de faire se rejoindre les questions (ré)ouvertes par l'exposition du Walker sur le graphisme et les tables rondes-tour de France qu'organise le Centre International du Graphisme depuis Chaumont et en direct de Bordeaux, de Lyon et de Chatou, et de les lire à la lumière du texte de Courant et du joli titre de Godard & Miéville.
Les chemins du graphisme sont des tours et des détours et les graphistes encore des enfants. Cet intérêt renouvelé pour la recherche n'en fera certainement pas tout de suite des adultes, elle permettra déjà de baliser un territoire et, par cette tentative de géographe, comprendre que le terrain de jeu et de recherches est beaucoup plus étendu. Car finalement, la recherche c'est l'extension et pas le fait de grandir...
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article de Gérard Courant ci-dessous. Merci!
«France, tour, détour, deux enfants sont douze émissions de télévision de trente minutes chacune produites en 1978 par Jean-Luc Godard et Anne-Marie Miéville avec le concours de l'Institut National de l'Audiovisuel et dont le budget total s'élève à 260 millions de centimes. Cette série fut commandée par Antenne 2 à une époque où son directeur (depuis, il a été remplacé) pouvait prendre encore quelques initiatives novatrices.
France, tout, détour, c'est de l'image et du son à l'état primaire, à l'état but et même à l'état pur.
France, tour, détour sont des conversations de Jean-Luc Godard avec deux enfants, un garçon et une fille. Conversations émouvantes si on ne s'exclut pas de ce corps à corps avec l'image. Mais de quelles conversations s'agit-il ? De quels rapports est-il question ? Deux enfants, à tour de rôle, interrogés par le cinéaste, chez leurs parents, à l'école, dans la rue, dans l'intimité, sur leurs conditions d'existence, leurs désirs, leur avenir, leurs rapports avec leurs parents, leurs maîtres, etc.
Pas seulement, un homme (Godard) seul, face à un enfant, et qui passe un contrat bizarre avec lui. Je te questionne et tu me réponds, bref, tu me dis tout. Type de contrat qui devrait être l'ordinaire des rapports entre le maître et l'élève si ce dernier n'était pas trompé d'entrée, sur le fonctionnement d'un contrat basé sur le mensonge. Se faire croire qu'on va tout se dire alors que l'enfant sait que ce rapport travaille sur le mode du flicage, sans échange, sans ce va-et-vient indispensable à toute communication. D'où l'expression de Godard : « Les enfants sont des prisonniers politiques ».
Ici, Godard n'est point le maître et l'enfant n'est point l'élève, puisqu'ils sont censés tout se dire. Contrat singulier. Car dans ses questions, Godard ne tourne pas autour du pot. Il aborde franchement son sujet. Ses questions nous surprennent, nous dérangent. Mais elles atteignent leur but. Les enfants. Nous. Godard sait parler aux enfants parce qu'il a quitté sa position d'artiste assis sur un piédestal.
Deux enfants qui, parfois, font cruellement savoir à leur interviewer qu'ils n'ont plus envie de parler, témoin la petite fille qui ne répond plus que par oui ou par non.
Mais le vrai propos de ces six heures de vidéo que la télévision a peur, même à des horaires tardifs, de diffuser à l'antenne, c'est comment leur parler à ces deux enfants et surtout pourquoi leur parler, quand on sait qu'ils ne délivreront qu'une partie d'eux-mêmes. Pourquoi ? Simplement parce qu'on ne leur a pas appris à en dire plus. Car la pédagogie officielle leur apprend et leur impose de se taire plutôt que de parler. C'est le plus sûr moyen de canaliser leur attention et leur capacité créatrice et d'en faire des êtres qui n'oseront pas prendre le pouvoir de la parole. Sans cesse, Godard se heurte à ce mur infranchissable qu'il essaie, sans cesse de contourner. Il insiste, mais il n'y a rien à faire, et nous ressentons tout le mal que l'éducation provoque sur les enfants. Parfois, ce barrage éclate dans de longues plages de silence - qui n'auraient pas de statut légitime dans un docucu car l'espace sonore blanc gêne - où viennent se caler des moments d'intensité qui en disent long sur le pouvoir des maîtres. Instants émouvants. Godard sait également se taire. Il écoute. Quand il parle, ce n'est pas de sa position de pouvoir (d'adulte, de cinéaste) ou de savoir (d'intellectuel) mais de celle de chercheur qui sait qu'avant de trouver, il faut passer beaucoup de temps à chercher, à contourner les obstacles pour mieux sauter et atteindre son but qui est d'en savoir un peu plus sur eux et qu'eux, en retour, connaissent un peu mieux le monde des adultes.
Godard n'essaie pas d'éclaircir un mystère, qui est du domaine de la télévision ordinaire et dont le rôle est mystificateur. Il tente d'approcher la réalité du comportement de l'enfant dans la société d'aujourd'hui. Alors, Godard dit seulement : j'essaie de comprendre. Et nous essayons avec lui. On peut se moquer du résultat mais, avant tout, c'est la manière d'y arriver qui compte. Godard parvient aux questions principales : comment fonctionne l'information sur les enfants, etc.
Dernière précision, capitale, pour dire que Godard a opéré un petit glissement de vocabulaire. Savez-vous comment il appelle les adultes ?
Les monstres.
Il y a de quoi.»
-- G.Courant
Si l'article de Daniel van der Velden, Research and Destroy: Design as Investigation, publié dans le catalogue du Walker Art Center, nous incite à considérer le graphisme et le design en général comme matrice de recherche, alors il faudra être curieux et attentifs aux tables rondes qui auront lieu aux beaux-arts de Lyon le 19 Janvier 2012.
Acte III de La Question de la Recherche en Graphisme, il s'agira de «Cartographier un territoire : l'étendue des pratiques et de la réflexion constitutive du graphisme français contemporain. Tel est l'objectif posé par ce tour de France en 4 actes pour 1 publication.
Cette publication sera un outil actif permettant de mettre en discussion des acteurs du graphisme, afin de provoquer un entrelacement de connaissances et de références. Il ne s'agit pas de donner une définition du graphisme et/ou des graphistes, mais de dessiner les spécificités de la profession, de ressentir le graphisme de l'intérieur.
4 thématiques structurent notre réflexion ainsi que la série de tables-rondes publiques invitant des graphistes, chercheurs, critiques et théoriciens à discuter la thématique posée successivement dans 4 villes françaises. Ainsi, l'ouvrage explorera ces 4 thèmes via un matériau textuel polymorphe : des textes originaux, des paroles rapportées et des textes historiques aujourd'hui difficilement accessibles. Ces derniers seront disponibles en téléchargement en amont de chaque table-ronde.»
Åbäke, I am Still Alive #21, in Graphic Design: Now in Production, Walker Art Center, 2011
Beaucoup de questions à se poser, avec plaisir, à la lecture du catalogue Graphic Design: Now in Production, dont l'exposition éponyme a lieu au Walker de Minneapolis. La table des matières est, à ce titre, une mine de références qui renvoie principalement au phénomène d'expansion du domaine du graphisme.
On retrouve les belles plumes qui ont, d'Émigré à Dot Dot Dot, écrit les tremblements et les nouveaux chemins qu'a pris la discipline depuis la fin des années 80. Une part non négligeable est aussi donné à l'apparition du motion design, descendant des expérimentations visuelles des avant-gardes, quand la pellicule de film se grattait, s'oxydait, se scotchait, etc.
Des vœux en forme d'hommage clin d'œil aux belles couvertures année 1963 de la revue Cinéma. Le numéro 77, paru en juin 1963, posait le personnage d'Angelica jouée par Claudia Cardinale dans Le Guépard de Visconti. Mais c'est le numéro 79 de septembre 1963 qui revient sur ce film en regard de la situation politique italienne; le pays est en plein campagne électorale et Visconti, interrogé par Paolo Spriano, revient sur la thèse fondamentale de son film: il faut que tout change pour que rien ne change...
«--La thèse fondamentale de ton dernier film, LE GUEPARD, a appelé l'attention de toute la critique. une telle thèse tourne autour d'un jugement historique précis sur le développement historique de la société italienne depuis le Risorgimento. Veux-tu nous dire quelque chose là-dessus?
--C'est vrai. La maxime réactionnaire du prince Tancrède, il faut que quelque chose change pour que tout reste pareil, court comme un fil rouge tout au long de mon film. Je ne le nierai pas: en travaillant à l'adaptation du roman de Tomasi Di Lampedusa, puis en tournant le film, j'ai pensé, non seulement au passé, mais aussi au présent de notre pays. Je pense qu'il y a une brûlante actualité dons l'avertissement que, malgré quelques modernisations, tout reste comme avant comme il advint au lendemain de l'entreprise des Mille. Le thème du transformisme comme mal historique italien, de ce transformisme qui a réussi, dans les grands virages d'un siècle entier, à absorber et à déformer les aspirations populaires vers la liberté, est un thème qui est constamment rappelé dans presque tous mes films. C'est pourquoi l'on parle de mon pessimisme. Je me permets d'expliquer qu'il s'agit d'une recherche critique et interprétative des raisons de la révolution trahie, d'un choix conséquent. Mon point de vue n'est cependant pas celui d'une vision anarchique, comme on a voulu le faire croire. Par exemple, mon adhésion à l'action et au programme des communistes italiens est dictée par la conscience qu'en Italie s'est formée une force historique nouvelle, autonome, qui n'est pas corruptible par le transformisme, capable de travailler à dépasser ce compromis stérile et toujours présent entre la droite et la gauche qui, de Crispi à Giolitti, fini par produire le fascisme. Cette force historique neuve a ses racines dans l'unité de tous les travailleurs...»
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(merci à Emmanuel Denis pour cet extrait, paru initialement dans l'Unita le 11 avril 1963)
«--La thèse fondamentale de ton dernier film, LE GUEPARD, a appelé l'attention de toute la critique. une telle thèse tourne autour d'un jugement historique précis sur le développement historique de la société italienne depuis le Risorgimento. Veux-tu nous dire quelque chose là-dessus?
--C'est vrai. La maxime réactionnaire du prince Tancrède, il faut que quelque chose change pour que tout reste pareil, court comme un fil rouge tout au long de mon film. Je ne le nierai pas: en travaillant à l'adaptation du roman de Tomasi Di Lampedusa, puis en tournant le film, j'ai pensé, non seulement au passé, mais aussi au présent de notre pays. Je pense qu'il y a une brûlante actualité dons l'avertissement que, malgré quelques modernisations, tout reste comme avant comme il advint au lendemain de l'entreprise des Mille. Le thème du transformisme comme mal historique italien, de ce transformisme qui a réussi, dans les grands virages d'un siècle entier, à absorber et à déformer les aspirations populaires vers la liberté, est un thème qui est constamment rappelé dans presque tous mes films. C'est pourquoi l'on parle de mon pessimisme. Je me permets d'expliquer qu'il s'agit d'une recherche critique et interprétative des raisons de la révolution trahie, d'un choix conséquent. Mon point de vue n'est cependant pas celui d'une vision anarchique, comme on a voulu le faire croire. Par exemple, mon adhésion à l'action et au programme des communistes italiens est dictée par la conscience qu'en Italie s'est formée une force historique nouvelle, autonome, qui n'est pas corruptible par le transformisme, capable de travailler à dépasser ce compromis stérile et toujours présent entre la droite et la gauche qui, de Crispi à Giolitti, fini par produire le fascisme. Cette force historique neuve a ses racines dans l'unité de tous les travailleurs...»
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(merci à Emmanuel Denis pour cet extrait, paru initialement dans l'Unita le 11 avril 1963)
Mehmet Ali Uysal, sculpture, Skin, parc de Chaudefontaine, c.2010 (merci J.Delcourt!)
Mehmet Ali Uysal, Duvarigne, c.2010
Mehmet Ali Uysal semble obnubiler par les formes de l'espace et par les illusions q'un objet peut provoquer par association. Car l'espace est un lieu de stigmates, symptômes à lire et à habiter, objets qui provoquent de nouveaux rapports d'échelle donnant à voir un nouveau paysage né des interprétations ludiques de cet artiste Turc.